vendredi 18 juillet 2014

Préface

Le Québec, peuple adulte dans tant de domaines, en est encore aux balbutiements de son affirmation en ce qui concerne sa langue. Pas vis-à-vis l'anglais, mais vis-à-vis le français d'ailleurs, vis-à-vis aussi une certaine image qu'il se fait du français dit "correct" et, plus fondamentalement, vis-à-vis lui-même. 

Notre confiance en notre façon de parler a grandi dans les dernières décennies. On est loin de l'époque où Judith Jasmin devait s'exprimer à la française pour être jugée acceptable dans le monde télévisuel et dans la population en général, ou plus spécifiquement chez les élites linguistiques.

Pourtant, encore aujourd'hui, une portion notable de nos opinions sur notre langue sont des idées reçues négatives. Ces idées reçues ne résistent pas à l'analyse, mais cette analyse est rarement faite, ou sinon, largement ignorée.

En effet, l'élite intellectuelle, les journalistes, les professeurs, les penseurs de tous les horizons s'entêtent à perpétuer des thèses qui, si elles étaient défendues avec la même faiblesse et le même manque de rigueur dans tout autre domaine, seraient battues en brèche ou, mieux encore, complètement ignorées pour leur manque de fondements scientifiques. Malheureusement, le miracle rationnel ne se produit pas au sujet de la langue : les articles sur la décadence du français au Québec, sur sa mauvaise qualité, font figure de gouvernail vers un Âge d'or qui n'a jamais existé. Les Foglia, Bombardier, Dor et autres spécialistes improvisés, ont façonné la perception que les Québécois ont de leur langue. Demander l'avis professionnel de ces personnes sur le français du Québec est tout aussi à propos que de s'attendre à des prévisions météo précises de la part de Gérald Fillion, ou à une analyse économique éclairée de Jocelyne Blouin. À chacun son métier.

Mais il y a pire : les spécialistes de la langue eux-mêmes s'attèlent souvent au même cheval que leurs collègues non patentés. Pour une Marty Laforest (États d'âme, états de langue), combien de Lionel Meney, de Marie-Eva de Villers ou d'Office québécois de la langue française, qui contribuent à alimenter ce sentiment indéracinable, presque intrinsèque, de ne pas parler correctement?


Par la collecte d'anecdotes puisées dans le quotidien, l'examen d'ouvrages de référence ou de capsules linguistiques, l'analyse d'articles de presse ou d'entrevues télévisées, on entrera dans le ring des grands énervements linguistiques qui ébranlent périodiquement la psyché québécoise. Ce faisant, ce blogue tentera de se rapprocher de son Graal : en finir avec les idées reçues sur la dégénérescence du français et, ultimement, redonner aux Québécois la confiance en leur langue. Pour en finir avec le sujet et, enfin, passer à autre chose.

8 commentaires:

  1. salut
    j'ai pensé que tu trouverais ce rapport intéressant : http://tinyurl.com/lkjexp7

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  2. Phaedra,
    Très intéressant en effet! Merci beaucoup!

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  3. "une certaine image qu'ils se fait du français"
    Hum!...

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  4. Le mot "s'attèlent " est également mal conjugué. On .écrit "s'attellent"...

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  5. CECI DIT, JE SUIS TOUT À FAIT D'ACCORD AVEC VOTRE PROPOS.

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  6. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    1. @Martin Dufresne. Oui, une coquille avec "ils" - que je vais corriger à l'instant.

      Par contre, depuis les rectifications orthographiques de 1990, on peut écrire la plupart des verbes comme "atteler" de cette façon, en "èle". Pour plus de détails, voir le "Vadémécum de l'orthographe recommandée": http://www.csbj.qc.ca/imports/_uploaded/publication/73/reference-vademecum-de-l-orthographe-recommandee.pdf
      Mon blogue respectera les recommandations de cette (bien trop timide) réforme.

      Pour le reste, content qu'on soit d'accord!

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  7. Aaaaah! Oui oui oui et oui! Mais que j'ai hâte de lire la suite!!!!

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